Depuis quelques jours, une affaire de création de sociétés fictives au nom de personnes décédées défraie la chronique.
Hier, dans son appréciation du dossier, le président de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc) Guy Ogoubiyi a prôné la grande prudence pour trois (3) raisons principales.
D’abord à cause des photocopies des chèques qui sont joints. Pour lui, dans l’administration, ces chèques doivent être signés par au moins deux personnes. Mais dans ce dossier, les chèques sont signés par une seule personne. Ensuite, poursuit le président de l’Anlc, ces chèques ne comportent pas de numéros. Parce que chaque feuillet doit avoir un numéro et il n’y a pas de numéro. Pour finir, les chèques d’un montant très élevé, comme des chèques de 30 millions sont au nom des personnes physiques. Ce qui selon lui n’est pas du tout normal.
S’il est vrai que la prudence du président de l’Anlc est tout à fait justifiée compte tenu de la gravité des faits et de la nature des pièces qui ont été versés au dossier par le plaignant, certains éléments d’appréciation qui confortent les accusations du dénonciateur ont échappé au président de l’Anlc. Car jusqu’à ce qu’elle soit condamnée, une personne accusée est présumée innocente. En effet, de sources généralement bien renseignées, dans la stratégie mise en place par la personne accusée aujourd’hui de faux et usage de faux pour entrer en possession de l’argent des marchés qu’elle a gagnée dans les structures étatiques, les chèques sont délivrées directement au nom des personnes décédées au nom de qui les sociétés fictives ont été créées. Cela est fait comme si c’était à un simple individu que le chèque était délivré.
A titre d’exemple, si la société Atakoun a été créée au nom de monsieur Gankpo Jovial. En délivrant le chèque il y est mentionné qu’il est délivré à M. Gankpo Jovial, Directeur de la société Atakoun. Et nom à la société Atakoun, entreprise commercial. De cette manière les financiers des structures étatiques dans lesquelles les marchés ont été gagnés n’ont plus besoin de revêtir ces chèques de la double signature de l’Etat béninois comme l’exigent les textes. Les virements des chèques faits dans le compte de Gankpo Jovial une personne bien entendue décédée, le fraudeur qui a eu l’intelligence d’entrer en possession de toutes les pièces d’état civile des personnes décédées, se fait délivrer maintenant en son propre nom des chèques avec l’imitation de la signature de la personne décédée. Ainsi fait, la boucle est bouclée. C’est dire que dans l’étude de ce dossier, le président de l’Anlc dont on connait la rigueur et la droiture dans la gestion des dossiers dont il a la charge, devrait davantage investiguer dans ce sens afin que toute la vérité jaillisse dans ce dossier.
S.T