L’élection du bureau de l’Assemblée nationale 7ème législature a une fois encore révélé au grand jour le peu de considération que le Chef de l’Etat, à pour ses plus proches et fidèles collaborateurs. Le dernier à avoir subi la plus grande humiliation est le ministre d’Etat, François Abiola qui a été contraint de produire à Aké Natondéune procuration pour l’élection du bureau de l’institution parlementaire.
Disons-le d’emblée. Le positionnement de Komi Koutché en tant que candidat de la mouvance présidentielle à l’élection du président de l’Assemblée nationale 7ème législature a été parsemé de faits inédits. Des faits singuliers pour une organisation politique comme les Fcbe et qui continueront longtemps encore d’alimenter les débats au sein des différentes couches de la population béninoise. Entre remous et contestations presque violentes de cette candidature de Komi Koutché, la retraite des députés Fcbe à Parakou, l’éjection de la course au perchoir des autres prétendants que sont Barthélémy Kassa, et François Abiola, très peu d’observateurs de la politique nationale s’expliquent le traitement infligé par Boni Yayi au ministre d’Etat.
En effet, après l’avoir écarté de la course au perchoir, Boni Yayi a exigé du ministre d’Etat François Abiola, 2ème personnalité de l’exécutif que ce dernier produise à l’instar d’autres élus Fcbe une procuration. Pour bon nombre d’analystes politiques, que Boni Yayi de façon générale, ne fasse pas confiance à ses collaborateurs notamment à certains de ses députés, c’est son problème. Mais de là à traiter de la sorte le numéro 2 de son régime qui, depuis huit (8) ans a occupé à ses côtés les plus hautes fonctions et lui a en retour voué une loyauté à toute épreuve, sort de l’entendement. Surtout que François Abiola fait partie de ses proches avec qui Boni Yayi a partagé une vie professionnelle et familiale commune notamment à Dakar (Yayi au siège de la Bceao et Abiola en tant que Directeur de l’Ecole régionale de médecine vétérinaire). Et depuis huit (8) ans cette relation familiale et professionnelle a été renforcée avec notamment la nomination de François Abiola au Gouvernement.
Une humiliation non méritée
A en croire les observateurs attentifs de la vie politique nationale et dans le milieu universitaire, seul le mot humiliation peut qualifier ce traitement dégradant infligé par Boni Yayi à ce professeur de rang magistral qui longtemps a été considéré comme son homme de confiance, voire son dauphin naturel. Le plus grave ont fait remarquer certains, c’est que Abiola a été obligé de remettre sa procuration à Aké Natondé, qui en réalité ne supporte pas la comparaison. Car à comparer on trouverait aisément que Aké Natondé n’a que la carrure des étudiants du Professeur Abiola. Pour montrer comment cette situation est très insultante pour une personnalité comme François Abiola, d’autres personnes encore prennent l’exemple de Marcel de Souza qui n’ayant pas pu supporter d’être mis sous procuration, lui le beau-frère du chef de l’Etat, a débarqué dans l’hémicycle pour faire tomber la procuration remise à Dafia Abiba et laver son honneur. Une réaction à laquelle s’est abstenu avec dignité François Abiola.
Finalement à qui fait confiance Yayi ?
Dans le monde universitaire, la question est devenue récurrente : à qui Boni Yayi fait-il finalement confiance si ce n’est à des gens comme le ministre Valentin Djènontin et tous les autres ‘‘bondieusards’’ qui gravitent autour de la présidence. Car à la vérité, même Rachidi Gbadamassi, qui a réussi la prouesse inouïe de contenir la déferlante de l’Alliance Soleil dans la 8ème circonscription électorale a été mis sous convocation. Une situation que le taureau de Parakou n’a pas du tout appréciée selon plusieurs témoignages de ses proches. Face à cette incroyable crise de confiance de Yayi envers des collaborateurs, l’on se demande alors si la première dame Chantal Yayi et Chabi Yayi avaient pu se faire élire députés, ils n’allaient pas subir le même sort de la part de Boni Yayi.
L’après Marina avec qui ?
Face à cette situation qui laisse entrevoir un grand vide autour du Chef de l’Etat après son départ du pouvoir en 2016, l’on se demande avec qui Boni Yayi finira sa vie politique et même familiale. Une grande équation que seul l’avenir nous permettra d’élucider.
Thierry Sallon